samedi 21 septembre 2013

Le cri bouleversant du BLMS: rendez-nous la Menace !

L'épaisse couche de poussière paraît comme suspendue dans les airs en micro particules, sous la lumière rasante du soleil déclinant. Très lentement, la crasse cristallisée retombe vers le clavier d'où vous venez de l'en chasser, en soufflant comme un enfant éteint une bougie d'anniversaire. Tiens, qu'est-ce que c'est que cette touche? F5. A quoi elle sert déjà ? Ah mais oui putain ! C'était pour lire Lansb-mag et gagner au "Prem's" ! Vos yeux ajustent une nouvelle fois la focale, vous n'arrivez pas à les croire, ça fait tellement longtemps !

Annulez votre rendez-vous chez votre ophtalmo, ils ne vous ont pas trahi: vous êtes bien devant le tout dernier article de Lansb-mag, un véritable ovni dans la constellation webesque, un fait aussi rare que le passage de la comète de Halley dans notre système solaire, ou qu'un rendez-vous de Viguen chez le coiffeur. Mais que c'est bon ! J'espère que vous prendrez autant de plaisir à lire ces lignes que votre (in)estimable hôte en a pris à les pondre. Ce n'est pas peu dire...

Je suis donc de retour. La puissance du verbe, la grandiloquence de la plume, la légèreté de l'humour, la gravité des sujets abordés seront-ils au rendez-vous ? Je vous en laisse juge, pour le reste, soyez assurés que les quatre piliers de l'édifice sont aussi solides qu'auparavant: homophobie primaire, misogynie congénitale, xénophobie caractérisée et autosuffisance assumée ne se sont pas évaporées en presque deux ans. On ne se refait pas, et pour les amoureux du douzième degré, c'est tant mieux !

Les années, cependant, laissent forcément des traces, et pas uniquement sous forme de lignes irrégulières creusées irrémédiablement sur les joues et le front. L'introspection, insidieuse et tenace, se fraye parfois un chemin et tient lieu de préliminaire au danger omniprésent de l'odieuse remise en question. Qu'ai-je accompli ? Que suis-je devenu ? Est-ce conforme à mes rêves ? Est-ce digne de l'insondable talent dont les Dieux m'ont pétri ? Autant de questions que tout mâle dominant se pose un jour ou l'autre...

En ce qui concerne le L, le sentiment de reprendre peu à peu le cours de sa vie grandit. Il a enfin mené à terme un projet qui lui tenait à coeur en arrachant, en cette fin d'été 2013, sa médaille de guide de haute montagne.

Alors qu'il réussissait (avec une marge insolente) le test technique d'entrée au BE escalade en 2004, ses - déjà nombreux - fans de l'époque l'avaient affublé du sobriquet de "Ze Gaïde". Il lui aura fallu presque une décennie pour transformer la blague en réalité, et mériter ce surnom totalement, tout en donnant à son entourage une illustration aboutie du terme "abnégation".

"Tout ça pour une médaille", c'est aussi le nom d'une voie dure du Verdon, ouverte pendant le stage guide où officiait le jeune aspi Pierre Pietri, pour moi le personnage le plus marquant de l'histoire de l'escalade en Corse (n'en déplaise à mon cher JPQ). Une phrase qui m'a souvent trotté dans la tête ces derniers temps, alors que je suis humblement les pas du grand Pierre. Bref, un aboutissement dont je suis très heureux (sans oublier d'être fier hein !), qui me donne l'occasion de me pencher sur mes débuts, il y a une petite quinzaine d'années.

Il y eut Sylvain Maurin, dont la classe dégouline des chaussons et dont chaque mouvement sur le rocher est une inspiration. Il y eut l'unique et bruyant Manu Tessanne, le "professor" que l'on aime ou que l'on déteste. Moi, j'aime. Il y eut bien sûr l'ultra-polyvalent Jouy, avec qui j'ai tout vécu plus tard, du ski de pente raide au BASE en passant par les voyages Jordaniens. Mais avant cela, j'ai parcouru la montagne de mes débuts dans le sillage de trois chevaliers sans peurs et sans reproches, en compagnie desquels j'ai eu le privilège de partager l'aventure BLMS. Retour sur ces types extraordinaires à qui je dois beaucoup...

Trois garçons au talent pur et aux capacités supérieurs aux miens, à l'engagement sans faille, mais que la vie a orienté vers d'autres chemins. Où diantre les a-t-elle menés ?

Commençons par le plus grand, Averell. Pardon, le B. Les pantalons baggy des années surf-extrême ont fondu sur ses cuisses surpuissantes jusqu'à devenir des collants étriqués aux couleurs que n'auraient pas reniées Magloire. La lourde, légendaire et malodorante polaire rouge a été jetée au feu dans un quelconque refuge pour laisser place à une pipette bleu translucide permettant le convoi de quelque boisson énergétique abjecte. La "Bête" est devenue un compétiteur acharné en ski alpinisme, se situant parmi les meilleurs, tradition oblige. Evidemment, il n'est jamais en reste à vélo et, après la récente victoire de Chris Horner à la Vuelta (à 42 ans tout de même !), le B serait en contact avec Europcar pour la prochaine grande boucle... Les "sans épaules" comme Froome en tremblent déjà !

Le S, retiré des affaires de la montagne pour des raisons de santé, n'en demeure pas moins un interlocuteur privilégié dont la conversation donne toujours matière à réflexion et à enrichissement personnel. Il élève une superbe jeune fille dont la culture botanique, à l'âge de 11 ans à peine, dépasse allègrement celle de votre pourtant cultivé serviteur. Certaines mauvaises langues diront que ça fait dix ans que ça dure ! Le S s'amuse également à mettre périodiquement à nu mes lacunes de traducteur scientifique débutant en soumettant à ma sagacité des articles totalement champolliens sur la micro-électronique. A la pointe un jour, à la pointe toujours !

Reste l'énigme de "la Menace", du M. J'entends déjà des objections dans l'assistance, arguant qu'il faut être aveugle pour ne pas le voir, que le fantasque personnage se produira à guichet fermé à Bercy cet automne. Las, je ne parle pas du castrat citadin à la chevelure folle, mais bel et bien d'un félin racé aux épaules larges et à l'indéfectible confiance en soi, qui faisait le régal des soirées à "l'Avalanche". Un animal sauvage, indomptable, capable de provoquer en duel un videur ambré de boîte de nuit le toisant d'un quart de mètre et accusant quelques dizaines de kilos de plus que lui sur la balance. 

- La peur ? Un concept propre aux faibles et aux enfiotisés !
- La Jasse ? Elle les lui casse ! Un plat défouloir dominical à beaufs sur planches !
- Le 5.5 ? Enfin du ski ! A moins de 50°, ça glisse pas de toutes façons, faut pousser sur les bâtons !
- Les pieds ? C'est pour les pédés ! (variante "années 2000" du plus moderne et politiquement correct: "poser les pieds en escalade, c'est très mariage pour tous")

- La bagnole ? Pas plus qu'à fond ! ai-je coutume de dire. Pour Max, si ! On engage le train avant à la corde, le reste enroulera comme il pourra... Bien connu pour ses passages à Mach 2 aux commandes de sa 106 S16 rouge Lucifer affûtée aux petits oignons et aux gommes hurlant leur désespoir, il avait la réputation de regarder la route par les vitres latérales tellement l'auto était en travers ! Des réflexes aiguisés couplés à une générosité totale derrière le cerceau font qu'il a souvent fait le bonheur de l'amicale des garagistes de la Meuse ! 

La dernière fois que le bel éphèbe a été vu en public, il arborait un costume griffé de bonne coupe, tenait un verre de champagne millésimé dans une main, un micro HF dans l'autre, au coeur du cadre idyllique du Pré Catelan à Paris. Grimpant sur l'estrade, la Manèce hurlait "Bertrand +10% !" dans les enceintes BOSE du luxueux établissement avant de se jeter dans la piscine devant les yeux hypno-hallucino-ébahis de l'assistance médusée ! Du panache à l'état pur. Depuis ce jour, disparition de nos radars...

L'enquête policière et le grand appel à témoins pour retrouver ce mythe des années 2000 ont apporté leur lots de rebondissements. Cindy, Natasha, et Jennifer, les trois superbes Ukrainiennes non déclarées du standard de Lansb-mag, ont été submergées par de nombreux appels de Haute Savoie. L'espoir renaissait enfin ! Un individu de forte ressemblance avec l'ex de Noomie avait en effet été repéré circulant à allure modérée au volant d'un Dacia Duster équipé de sièges enfants. 

Ci joint un cliché de ce frêle mais néanmoins bel homme dans la force de l'âge:

Maxime Berrand de la Pierre Tardivelledia Shashahani Roser, un discret homme d'affaires, longtemps soupçonné d'en savoir plus sur la disparition du M. Au jour d'aujourd'hui, le mystère reste entier...

Après vérification, test ADN et datation au carbone 14, il s'agit malheureusement d'une fausse piste, le tranquille père de famille dont il est question, au physique pourtant noble, n'était en définitive pas le fier guerrier des pentes qui a marqué l'histoire du ski extrême dauphinois au début du siècle. La déception se lisait sur tous les visages, et pourtant, on pouvait déceler dans le regard de cet homme aux traits épargnés par les ravages du temps une étincelle, un léger sourire en coin, laissant à penser que le barouf médiatique pour retrouver la vedette perdue du BLMS le touchait. Mais cet effacé personnage a ajusté son grand imperméable, pris sa mallette, et s'en est remonté sur son scooter pétaradant, emportant avec lui son secret, comme s'il savait...

En attendant, le BLS ne perd pas espoir, et compte sur vous. Si vous avez la moindre information concernant la Menace, contactez Lansb-mag dans les meilleurs délais. N'intervenez surtout pas vous-même, c'est un professionnel entraîné et il est peut-être dangereux, surtout s'il est aux commandes d'un quelconque véhicule motorisé. Il s'exclame "C'est nimp !" à intervalles réguliers et est susceptibles de se promener flanqué de jolies créatures à l'aise en escalade (au minimum "rando dans le 5+").

Aidez-nous à reformer les "quatre fantastiques" ! Les sages disent parfois que l'union fait la force. Certes. Je préfère formuler la chose de la manière suivante:

"le groupe est toujours plus fort que le plus fort du groupe". Rendez-nous la Menace ! 

La Menace au faîte de sa gloire, trompant la mort aux alentours de Palavas les flots en 2000.