mardi 5 novembre 2019

L'Oeil du Condor- Eloge de l'esthétisme

L'immense Edlinge' suspendu à Buoux dans le toit de la Beda, short minimaliste pourrave pour tout vêtement et cheveux longs retenus par un mauvais bandeau façon Bjorn Borg des favelas, ça vous dit quelque chose ? Les images ont vieilli, les valeurs les accompagnant aussi... Le Blond, c'était le chantre du "grimper beau", au delà du "grimper bien" qu'il maîtrisait également à la perfection.

La beauté, mais aussi la joie du mouvement. S'emplir du moment présent sur le caillou, sur des skis, sentir le positionnement de son corps dans cet espace exceptionnel qu'est la montagne. Un plaisir simple, pur, puissant.

La joie procurée par quelques grandes courbes négociées pleine balle, la hanche dans la neige, sur des lattes de 120 chassant les trois décimètres de poudre immaculée tombée sans vent la nuit précédente... c'est beau.

Le kiff absolu de placer une belle lolotte sur une colo grise virant à l'orange d'une falaise espagnole au coucher du soleil, le power d'aller fermer le biceps en allant croiter un projet qui nous tient à coeur et qui devient réalité. Le tout avant d'aller raconter des conneries en s'enfilant des bières avec les locaux dans le bar du quartier... c'est beau.

La mode, cependant, semble être ailleurs... Les stakhanos modernes de l'effort collectif, rébarbatif et un peu moche semblent avoir eu la peau des jouisseurs d'antan. Je m'explique.

Il y a quelques temps, Sylvain Tesson, le Mike Horn des beaux quartiers, avait noté de façon très pertinente une mutation regrettable des pratiques et surtout de l'esprit des "montagnards" d'aujourd'hui. L'espace de liberté la plus totale, où l'on peut s'affranchir des règles sociétales pour tracer sa route sans restriction, ni peur du gendarme ou du qu'en dira-t-on, est désormais envahi par les règles de la cité.

C'est la fin des punks du plein air. On a importé les contraintes de la ville en montagne via les compétitions de "trail" et de "ski alpinisme" (le mot est assez mal choisi) et le succès est foudroyant ! Achetez un mini sac-bretelles-pipette en mesh hors de prix, une casquette visière, des pompes orthopédiques roses et des bas de contention fluo, flanquez-vous une puce électronique de chronométrage dans l'orifice prévu à cet effet, entassez vous à plusieurs centaines sur un sentier et vous voilà désormais "montagnard"...

Rien à redire sur l'effort à fournir qui est grand et nécessite de solides qualités physiques. Pour le reste, quelle tristesse ! Où sont passées la solitude, le calme, la liberté de choisir son chemin (ne surtout pas sortir des balises !) et ses propres règles du jeu ? Est-ce finalement la pratique de la montagne que l'on souhaite transmettre à nos enfants ?

Exit les Profit, Escoffier, Moulin, bonjour les Jornet, d'Haene. Soit. Mais plus grave, exit le règne des habiletés motrices, de la dextérité, de la poésie, pour celui des bourrins, des règlements, des capteurs de puissance, du conformisme, et de la disgrâce. Il n'y a qu'à regarder des images de ces événements de masse pour s'en convaincre. Le "toujours mieux" s'est fait bouffer par le "toujours plus". Et l'engagement total, la pureté, l'absolu d'un solo fait moins rêver qu'une tripotée de skieurs au style rendu maladroit par des allumettes hyper light s'enquillant cul à cul un champ de bosses en béton lors d'une compétition balisée, normée, et quelque part castratrice.

A l'heure d'un monde où les libertés individuelles sont de plus en plus muselées et où la planète aurait bien besoin d'un peu de fraîcheur et de calme, est-ce vraiment la direction à prendre ? Ou peut-être suis-je simplement un vieux con ? La vérité doit probablement se situer entre les deux...


Alors ? C'était mieux aaaaavant, comme dirait Cabrel...


8 commentaires:

Lejouy a dit…

Prem's! (Bon je vais le lire maintenant)

JCR a dit…

Le blond à Buoux c'est incomparable avec les hordes de collant - pipettes ou de traiter...
Et côté matos c'est plus économique.

le Lansb a dit…

Le BLMS aime JCR :)

B. (mais pas "le" B) a dit…

En même temps, le style des collants-pipette sur allumettes light rappelle émouvamment le style inimitable du L en patinettes...

fabrice a dit…

Attention à la nostalgie et aux raccourcis ;)
Les enchaînements certes mythiques et trompe-la-mort se faisaient quand même à grand renfort d’hélicoptère, ce qui n'est pas très esthétique ...
Et puis Jornet, avec une paire de nomics ou de fats, c'est loin d'être un manche!
Et vive la mauvaise foi !

Unknown a dit…

Deuz ! :-)

Unknown a dit…

C'est un peu la chronique qui manque dans montagnes mag ce blog ! :-)

Anonyme a dit…

Je m'appelle Serenity Autumn, je vis actuellement dans la ville du Texas, aux États-Unis. Je suis veuve en ce moment avec quatre enfants et j'étais coincée dans une situation financière en mai 2019 et j'avais besoin de refinancer et de payer mes factures. J'ai essayé de solliciter des prêts auprès de diverses sociétés de prêt, tant privées que d'entreprise, mais sans succès, et la plupart des banques ont refusé mon crédit. Mais comme Dieu l'a voulu, j'ai été présenté à une femme de Dieu, un prêteur privé qui m'a accordé un prêt de 850 000,00 USD et je suis aujourd'hui propriétaire d'une entreprise et mes enfants se portent bien en ce moment, si vous devez contacter une entreprise avec référence à l'obtention d'un prêt sans garantie, pas de vérification de crédit, pas de cosignataire avec seulement 2% de taux d'intérêt et de meilleurs plans et calendrier de remboursement, veuillez contacter M. Pedro On Email pedroloanss@gmail.com Il ne sait pas que je fais cela mais Je suis si heureux maintenant et j'ai décidé de faire savoir aux gens plus sur lui et aussi je veux que Dieu le bénisse davantage.