mardi 7 novembre 2006

LPCMI 2006: P, Q comme...

P comme Poutre

Foutu grenier : l’accès est non éclairé, le plafond est super bas… Après m’être fracassé le crâne deux trois fois soit dans l’escalier, soit sur la poutre au dessus du micro ondes, je décide de jouer la prudence. Je monte un matin à quatre pattes, histoire de m’éviter un nouveau réveil douloureux et misérable. En haut des marches, je me relève, content de moi. Baaaaam ! Mon crâne rasé vient de s’encastrer sur une lourde poudre : j’ai mal du compter, il devait manquer une marche. C’est Foué* qui m’a rappelé cet épisode, il m’avait entendu hurler de violentes insultes à l’attention de ce plafond décidément bien bas…

P comme Pigeault

Le bellâtre, l’AMM le plus sexy de la région. Ou pas. Christophe est un personnage controversé, dont la légende prétend que sa voiture aurait été plastiquée. Au final, d’un point de vue personnel, nous nous entendions bien. Je veux dire par là qu’il me laissait obligeamment doubler son groupe sans rechigner ni faire de remarque, une fois qu’il s’était rendu compte que j’étais systématiquement plus rapide que lui (sans porter un quelconque jugement sur ses compétences, il avait, à sa décharge, souvent des groupes très chargés). Je crois que Mat et Foué*, également plus efficaces et le dépassant régulièrement, n’ont pas toujours entretenu de bons rapports avec cette montagne de muscles. Au final, je pense que c’est un type correct qui gagne sûrement à être connu.

P comme Petru

Petru : un vieil homme au visage buriné par le plein air, barbu comme pas deux, qui tient une auberge sur le magnifique plateau du Cuscione. Nous y avons dîné un soir tard, invités par Henri qui nous avait tous trimballés dans son PT Cruiser décapoté. Une vieille table en bois, de la viande et des légumes maison, une bouffe campagnarde à la bonne franquette, comme je les apprécie tant. Autour de la table, parmi la quinzaine de convives, « Pierrot », berger rustique de 72 ans, ami d’Henri, possède un passé riche en histoires. Conversant avec lui (parfois en Corse), j’ ai appris qu’il était au Conseil Général par chez nous, en Alesani, du temps de François Riolacci. La Corse est décidément bien petite. Henri aussi s’est mis à table ce soir là. Quelques anecdotes* croustillantes ont épicé le repas, celle de son éphémère rencontre érotique avec une belle dame dans un train de nuit rentrant d’Italie est digne de rentrer dans le répertoire inépuisable du Foué*…

P comme Perdre son 8

Cela m’est arrivé trois fois. C’est énorme non ? A la Vacca*, on mouline certains clients au saut de 9m et tous sans exception au rappel* de 12m. Ca va plus vite, et comme c’est très glissant, ils ne se blessent pas aux mains en se faisant rabattre sur le caillou après une zippette que leur mauvaise position de rappel* ne leur épargne qu’exceptionnellement. Les clients sont attachés au moyen d’une longe à une queue de vache en bout de corde. Ultra simple. Leur mousqueton à vis et leur 8 pendent donc entre leurs jambes, accrochés au pontet, parfaitement inutiles. Par trois fois, j’ai eu des clients qui, malgré mes injonctions (qui a dit insultes ?) hurlées depuis le relais, ont détaché leur 8, l’ont laissé couler dans la vasque, ont tenté de nager avant de se rendre compte qu’ils étaient toujours solidaires de la corde ! Et ce malgré des consignes* simplissimes :

« Tu arrives dans l’eau, tu enlèves ce mousqueton-ci de la boucle de corde, et tu nages ».

Ces boulettes avaient le don de me mettre hors de moi car je ne comprenais pas qu’on puisse faire quelque chose d’aussi absurde : c’est comme s’ils jetaient leurs clés au fond de l’eau ! Cela m’a en tous cas valu des descentes au masque pour récupérer le Matos. Une fois cependant, m’étant rendu compte de cette erreur trop tard dans le canyon, je n’ai rien retrouvé en sondant les lieux le lendemain matin.

Q comme Quilici

« L’omu di Bavedda ». La légende locale, le grimpeur aux centaines de voies dans les environs, l’homme aux topos innombrables sur le sud de la Corse, l’ami de Nicolas Hulot, l’icône de l’Alta Rocca. Un type attachant ce premier Guide de Haute Montagne* Corse, à l’humour pince sans rire dont je fus parfois la victime, mais ceci avec le plus grand plaisir. Mon ami Mathieu* Blanchard ne fut pas épargné non plus, lui à qui Jean Paul avait dit lorsqu’ils se rencontèrent pour la première fois :

« Au début, ne m’en veux pas : je ne te dirai pas bonjour, je veux d’abord voir comment tu travailles ! ».

Le tout avec un regard de fer que Mat osa à peine soutenir. Avant que Jean Paul ne se déride et de se mette à rigoler. Jean-Paul est comme ça. Il m’a aussi « macagné » à mon arrivée, me traitant de « pinzutu » à l’évocation de mon nom de famille. Il me taquinait de temps en temps gentiment avec ça quand nous nous saluions en langue Corse le matin, au départ d’un canyon. A 63 ans, l’homme au bandeau a encore sacrément la forme. Il est aussi bougrement rapide dans la progression de son groupe, on sent toute l’expérience du gaillard. Un jour où je lui collais aux miches avec un troupeau de clients habiles, étant bien plus rapide que J.P. dans le rappel* de 12m à la Vacca*, je lui cédais, grand prince, la priorité au saut du Polonais, par respect. Il me remerciait d’un clin d’œil. Comme tous les soirs, de passage au cabanon du Parc Aventures en bord de route du col de Bavella, assis dans la voiture d’un client, je m’arrête et ouvre la fenêtre pour saluer les collègues. Jean-Paul et Jean-Pi sont là, discutant et rangeant du Matos.

« Cumu sì o pinzutu ? » me lance un Jean-Paul taquin et souriant.

- Va bè ! Mais j’ai buté toute la journée sur un vieux guide* qui n’avançait pas avec son groupe…

Je lance un clin d’œil à l’homme à la barbe blanche impeccablement taillée et repars en direction de Zonza*, hilare. D’après Jean-Pi, Jean-Paul n’a rien dit, il était scotché. On s’est revus plusieurs fois en canyon, on a pas mal causé lors de la pause finale à la Vacca*. Il m’a confié entre autres être en train de terminer un nouvel ouvrage. Il faudra se procurer ce livre, pour découvrir d’autres aventures de cet incontournable bonhomme, et en outre le secret de son inséparable bandeau…


Quand La Légende rencontre Une légende… Jean Paul Quilici, premier Guide de Haute Montagne Corse et personnage haut en couleurs, au sens propre comme au figuré !

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci le L. pour l'agrandissement des photos.
Sitot demandé, sitot fait ! Ca se passe comme ça sur LM !

le Lansb a dit…

Enfin un journal à l'écoute de son lectorat, euh de ses actionnaires là plutôt ! Allez, presque fini cet abécédaire, il va falloir pondre de la connerie hivernale !

Anonyme a dit…

encore une fois nous attendons avec impatience la suite ;-)
J'espère qu'il y aura (entre autre)
-S comme "symphonie d'automne" ;-)

A+
Le junky

le Lansb a dit…

J'ai zappé hier soir mais je post ce soir la suite, et il y a en a encore un bon paquet. Patience jeune Padawan...

Anonyme a dit…

Et tu sais pourquoi JPQ n'a jamais de casques en canyon ?

le Lansb a dit…

Parce que Bavella est son jardin. Les pierres de ce massif connaissent le fameux bandeau multicolore, et évitent soigneusement de venir s'écraser dessus !

Anonyme a dit…

Au fait, quelles nouvelles du B?