jeudi 19 octobre 2006

LPCMI 2006: A et B comme...

A comme Anecdote(s)

Difficile d’y couper quand on passe ses journées d’été en compagnie de plus de 300 clients d’horizons différents, et ses soirées auprès de l’intarissable Foué* Chopard plus connu sous le nom de « Machine à anecdotes ». Elles ont été nombreuses et je promets de vous en livrer les plus belles dans la suite de ces lignes.


Foué, l’homme aux milles anecdotes, ne se sépare que rarement de son sourire charmeur. Dans sa couchette, Mat Blanchard, regard angélique, cache bien son jeu…

A comme Alta Rock Café

La propriété d’Henri, comme tant de choses à Zonza*. Cet été, il en a confié la gestion à Caro. Idéalement placé au cœur du village, l’Alta Rock ne semblait pas rencontrer le succès escompté au début de la saison. Petit à petit, le public ne s’y est pas trompé et s’est pressé d’aller déguster les « Golgoth-glaces » et autres « monstre » milk shakes maison. Il faut dire que la personnalité de Caroline déroute un peu au premier abord. Cette grande et pulpeuse brune, marin de son état, gagne à être connue.

Au début, les relations étaient tout juste cordiales avec Caro. Il était clair qu’on préférait amener les clients à la crêperie où l’accueil semblait plus chaleureux. Pour ne rien arranger, en faisant une vaisselle derrière le comptoir du bar de l’Alta Rock, après avoir obtenu une autorisation réticente de Caroline, j’avais complètement bouché le lavabo dépourvu de siphon ! C’est à coups de Destop et grâce à la patience du Foué* que nous avons fini par déboucher le merdier. Et Caro s’est détendue, pour ensuite carrément se lâcher (du moins verbalement) lors de fins de soirées animées avec Mathieu* et moi…

A comme Arrosé(s)

C’est le propre du canyon ; une bonne partie de son « sel » : les rappels arrosés. A la Purcaraccia, magnifique itinéraire idéal pour travailler, il y en a un grand de 45m. Une goulotte de granite peu raide sur le haut, et très glissante dans la partie médiane. Quasiment tous les clients s’y vautrent et se retrouvent sur le ventre, le dos, ou à genoux. La routine quoi. Le premier client est contre-assuré du haut, il « tient » ensuite les cordes pour les suivants. Rassurant mais pas hyper utile, étant donné que l’on fait souvent descendre les clients avec un « vertaco » qui freinerait même un tank. Pour ma toute première journée seul avec mon groupe, un dénommé « Gilou » se met une bonne ratasse et se retrouve à l’équerre, allongé dans la goulotte. Il a bien évidemment lâché la corde, au mépris de la consigne* la plus importante, et tente vainement de se relever. Je lui hurle de continuer à descendre, même dans cette position inconfortable : quelques mètres plus bas, un replat lui permettra de reprendre une posture plus orthodoxe. Il n’entend rien, assourdi par la cascade et affolé par le débit d’eau qu’il parvient (il faut le faire à cet endroit là, qui ne mouille normalement que les pieds) à se prendre en pleine face. Le « contre-assureur », investi dans sa mission, lui aussi paniqué par cette situation qui deviendra très vite banale, se pend dans la corde de Gilles, l’empêchant fatalement de bouger d’un pouce... J’en suis quitte pour rejoindre ma « victime » via l’autre corde, libérée par un client plus adroit (heureusement, je n’avais aucune envie de descendre sur corde tendue), remettre le « naufragé » dans le bon sens, hurler sur le type du bas pour qu’il donne du mou, et remonter 20m au basic… Vu la chaleur étouffante qu’il faisait ce jour là, et ma combinaison 5mm (je n’avais pas encore récupéré de « shorty »), je suis arrivé en haut passablement déshydraté et en hyperthermie !

Le premier grand rappel de la Purcaraccia, où 9 clients sur 10 goûtent aux joies de la zipette…


B comme Béa

Trois générations à la crêperie : Béa, sa mère, et son fils. J’ai passé de nombreux après-midi, attablé sous la protection des parasols, à déguster crêpes au chocolat avec boule de glace ou autres crêpes nutella offertes par des clients au retour de canyon. Des moments de débriefing sympas, où le sentiment d’avoir bien travaillé se mêle harmonieusement à la fraîcheur piquante de l’Orezza dans la gorge, au décolleté d’une jeune cliente épanouie, et à la vue magnifique sur l’Alta Rocca.

B comme Boulets

Le terme politiquement correct serait « clients ». Bon, j’exagère c’est vrai, mais l’une des expériences les plus marquantes de l’été a été pour moi la découverte du handicap physique certain de l’être humain moyen. En clair, le vacancier, sédentaire dans l’immense majorité des cas, éprouve des difficultés motrices. Pire, il peine même à se déplacer sur un sentier, un simple sentier. Quant aux habitués des bureaux et des emplois à fort stress, accros à la cigarette, ils toussent, crachent, soufflent et halètent, rougis par l’effort à la moindre déclivité. De mon côté, je respire calmement par le nez en m’efforçant de ne pas faire éclater ce peloton poussif…

Si certains clients se montrent à l’écoute des consignes*, finissent par prendre leurs marques et à évoluer correctement, d’autres sont de véritables croix et nous font parfois vieillir de 10 ans**. J’ai le souvenir marquant d’une journée à la Vacca* avec Mat où nous avons cumulé de sérieux « cas ». Lors du premier saut, nous proposons deux options : un saut à 2m, un autre à 4. Il m’est arrivé de faire sauter tout le monde à 4m du premier coup, mais là, à deux moniteurs, le choix s’offre aux canyoneurs. Surprise, le cheptel se répartit équitablement sur les deux ateliers. Premier à sauter sur le petit bloc, dont je me charge, un jeune homme. La petite trentaine probablement, petite barbe de trois jours, un peu « effemminé ». Il refuse l’obstacle, chouinant tel un pré-ado : « C’est horrible, c’est trop haut, je n’y arriverai jamais ! ».

Etant donné qu’on se trouve là devant le « jump » le plus bénin du canyon, on comprend que ça part fort. Je décide d’en faire sauter devant lui, et voilà que les deux suivants refusent d’être les premiers ! Ce petit monde commence déjà à m’énerver, il n’est pas 10h30, la journée va être longue ! Il a fallu que je pousse ce poltron pour qu’il atteigne enfin la première vasque, dans un petit cri. Bien sûr, au saut de 9m, il a été mouliné. Arrive le « soboggan » ou « toboggojump », bref le magnifique rideau d’eau à négocier assis ou tête en avant pour les plus aguerris. Revoilà mon courageux client freinant des quatre fers, couinant quand j’accompagne son avancée, une main dans son dos. Mathieu* est déjà en bas dans la vasque, à admirer les paysage en compagnie de la vingtaine d’autres clients. Je sens le sang monter et je m’énerve :

« Si tu n’y vas pas, je vais encore être obligé de te pousser ! »
- Mais ce sera pire ! pleurnicha-t-il.
- Ok.

Et moi de me placer derrière lui, de caler un pied sur ses fesses, jambe fléchie. Je l’ai éjecté d’un mouvement d’extension de la guibole en force max. Poussant un autre petit cri, il a disparu dans le vide. Quelques secondes plus tard, il nageait paisiblement dans la superbe vasque, me faisant un signe du pouce pour m’informer que tout allait bien… Comme quoi, certains ont vraiment besoin qu’on leur botte le train, au sens propre !

A suivre...
________________
** voir "F comme Frayeurs"

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Euh, pour remettre le contexte, tous les Boulets ne sont pas que des Parisiens, rassure moi ?

le Lansb a dit…

Bien sur que non ! Et réciproquement: tous les parisiens ne sont pas des boulets ! D'autant, vous l'aurez ressenti (ou pas) que le terme "boulet" est affectueux !

Anonyme a dit…

Je me marre bien, même si rien ne vaut les récits du L en live... J'adore le "B comme Boulets": tu dis tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Et maintenant la suite! La suite!
En parlant de B: bon anniv au B(un peu en retard, ok) !!

Anonyme a dit…

Mythique ! Du bon vieux lansb-mag des familles !
Trop fort, la séquence du coup de pied au cul, je m'imagine bien la scène !
Encore !!!!!

le Lansb a dit…

Merci chers amis ! La suite arrive, yen aura pour tout le monde, encore 24 lettres à faire défiler... patience, et enjoy !