mercredi 25 octobre 2006

LPCMI 2006: G et H comme...

G comme Grimpe

Ce fut bref cet été… Entre l’entraînement à la course à pied, les jours de repos au village, j’ai très peu grimpé. Passons sur la petite séance de bloc à Petreto en compagnie des deux mutants qui adorent cette discipline. Je ne me transcende qu’en falaise, mon arme étant la combativité, pas la force pure… Notons au passage une très belle journée à la Pointe des Sept Lacs fin août, avec Sophie Di Sante dans le rôle du second habituellement dévolu à Viguen. Une magnifique escalade (parfois engagée en dalle) avec les eaux bleus du Capitello en toile de fond. Et un retour alpin, avec assurage en mouvement de la « Brillant Brunette » sur des boucliers granitiques immenses. Un passage un peu technique à la brèche de Sorbo, puis en face Nord, superbe de solitude et de silence. Une descente dans un pierrier austère jusqu’au lac, ses dégradés de bleu incroyables, et la chaleur de l’astre du jour. Cependant, le plus bel instant grimpe restera pour moi, après une tumultueuse et bruyante journée en canyon, le repérage, un soir d’été, à Bavella, d’une mini grande voie pour clients, en compagnie de Mathieu* Blanchard.

Nous vécûmes là un moment exceptionnel de douceur de vivre, de mélange de couleurs, de beauté minérale. Un repérage en solo intégral de la falaise de Margherita, sous les yeux médusés d’une grimpeuse transalpine pendue dans sa corde en moulinette, puis trois longueurs en baskés, anneaux autour du buste, dans une ambiance particulière, indescriptible. Des moments où le bonheur était palpable. Nous étions au cœur d’un site déserté par les touristes à cette heure avancée. Derrière nous, les aiguilles rougissaient au soleil couchant ; en face, le massif des Paliri, où le granite ocre se mêle au vert intense des pins laricci. Au loin, de part et d’autre, à perte de vue, la mer. Un sentiment d’insularité fort, l’impression de faire corps avec l’île, d’être la Corse. Au sommet de la Grande Dalle, un panorama magique s’offrit à nous ; si ce n’était pas le Paradis ça y ressemblait fichtrement. La petite polaire se supportait tout à fait, une légère brise berçait nos visages. Le calme était apaisant. Nous avons posé un rappel* en fil d’araignée, puis nous nous sommes offert un 6b en baskés pour découvrir un autre amarrage plus simple d’accès. Un moment d’amitié aussi, de partage, de discussion. Sans jamais chier dans la bouche de la mère de l’autre, dois-je préciser. Ca change ! Et c’était bien. Relaxés, nous avons, ce soir là, trouvé François énervé voire presque agressif : c’est dire si nous étions en paix !


Sortie du dièdre raide, place à de la dalle sur les pieds à la Pointe des Sept Lacs. L’unique grande voie en Corse cet été…

G comme Guide de Haute Montagne

J’ ai croisé un guide très sympa à la Purcaraccia. Un métier de seigneur, auquel est depuis peu promis notre jeune ami le Jouy, ce qui nous ré-jouit, si je peux me permettre ce médiocre jeu de mots. Mais là n’est pas le propos. Je me fais accoster par un guide de Méribel donc, avec son client. J’en ai moi-même une douzaine. Après avoir discuté le bout de gras avec ce sympathique personnage, je vois qu’ils n’ont pas le matos adapté. Normal, mon interlocuteur m’explique qu’ils sont venus en voyage grimpe, et qu’ils ont profité d’une journée de battement pour s’offrir ce beau canyon. De façon générale, il n’a que des clients avec qui il part en voyage, parfois plusieurs semaines, en expé au Népal par exemple. Le rêve !

Je leur propose, puisqu’ils sont deux, de mettre mes cordes en place et de les en faire bénéficier avant mon groupe, pour qu’on ne les gêne pas. Le guide décline poliment et lance son rappel vert de 8mm dans le vide. Cette corde inadaptée tombe dans une marmite et s’emmêle instantanément. Il en résulte une plâtrée de nouilles absolument inextricable. Il remonte la corde, c’est une pelote géante avec laquelle aimerait sûrement s’amuser un gros chat… Il en a pour l’après midi à défaire les nœuds ! Je réitère mon offre, qu’il accepte cette fois volontiers. Il range sa « boule verte » dans son sac. Mes cordes sont en place en deux petites minutes, habitude oblige. J’en profite pour lui indiquer les deux toboggans du bas, que l’on ne peut pas deviner lorsqu’on découvre le canyon, ce qui est son cas. Bien content de bénéficier des conseils d’un « ouvrier de la Purca », il me remercie chaleureusement.
Je lui promets de faire descendre son client, en échange de quoi je lui demande de bien vouloir contre-assurer du bas le premier de mon groupe. Il accepte volontiers.

« Qui c’est, tu le connais ? » me demandent certains de mes clients.
- Non pas du tout, mais c’est un Guide de Haute Montagne d’une région que je connais bien.

Je vante en quelques mots ce diplôme mythique aux quelques curieux de mon groupe.
Je prends le temps de mettre notre nouvel ami en garde : l’approche du rappel est très glissante, surtout avec ses baskés. Il installe son système de freinage puis, me voyant debout dans la pente en 5-10, me rejoint sans trop se méfier : la sanction fut imparable : zip, vol plané, et retour fracassant sur le flanc droit, pendu à la corde. Le « public » a eu peur pour lui, et j’avoue que ce n’est pas tous les jours que l’on voit un guide s’étaler de tout son long ! Cela n’a par contre pas du tout entamé la bonne humeur de ce montagnard à médaille qui n’avait vraiment pas le ton hautain de certains de ses camarades corporatistes… J’ai promis de passer le voir l’hiver prochain au bureau de Méribel.

H comme Hassan

Authentique homme à tout faire d’Henri, ce garçon est d’une grande gentillesse. Véritable bricole tout, il peut repeindre une pièce, refaire un toit, nous offrir des salades, et même jouer la comédie en feignant de faire rôtir des poulets à Pagliacciu devant des hôtes émerveillés…

H comme Hommage

Le plus beau compliment que l’on m’ait fait cet été émane de François Chopard : je le cite avec le plus de précision possible et vous laisse en juger… la violence !

« La première fois que l’on rencontre Romain et que l’on discute avec lui, normalement, on vomit ».

Je crois que c’est tellement émouvant que cela se passe de commentaires !

H comme Henri

L’homme de Zonza*. A tout juste 50 ans, Henri Santoni est une pile électrique. Personnage multifacettes, charcutier l’hiver, AMM l’été, homme d’affaires 24h/24, Henri brasse sans arrêt, bouillonne d’idées pour développer ses activités, et se dit toujours endetté : « Quand j’ai 10 euros, j’investis 12 ! ». Le mollet dodu, le cheveu rare mais long et frisé, le sourire charmeur, Henri n’est pas loin de posséder la moitié de son village natal. Cela lui vaut sans doute quelques inimités (on est en Corse !) mais aussi le respect de tous. Son tissu relationnel est aussi dense que le réseau des transports en commun à New York et son goût pour le théâtre dans les négociations n’est pas feint. Si nous nous sommes parfois affrontés amicalement pour des histoires de météo, d’orages*, d’annulations ou de reports de sorties, je dois dire que j’ai « accroché » avec le bonhomme. Grand cœur, bon vivant, parfois flambeur (il faut le voir déambuler dans Zonza* au volant de son PT Cruiser cabriolet, un bon vieux Jim Morrisson hurlant dans les hauts parleurs de la stéréo), il m’est apparu réglo en affaires. Henri a également depuis peu goûté aux joies de la paternité... Un homme à qui tout semble réussir !

A suivre...

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Ok, G et H c'est fait.
La suite bordel !!!!

le Lansb a dit…

Demain, ou ce soir au mieux... Patience, et puis, en tant que relecteur en chef, ton impatience doit être moindre que ceux de mes (deux ou trois) lecteurs réguliers !

Anonyme a dit…

"deux ou trois lecteurs réguliers" : le voilà modeste, on n'a pas l'habitude... :-p